Elon Musk, potentiel trillionnaire “à une ère de montée en flèche des salaires de PDG”

“Entouré de robots humanoïdes dansant sur une scène baignée d’une lumière rose et bleue” et accueilli par des applaudissements enthousiastes dans les bureaux de Tesla à Austin, Elon Musk a remercié les actionnaires d’avoir voté à 75 % en faveur de sa compensation financière, raconte le Wall Street Journal. Ce package lui rapporterait potentiellement 1 000 milliards de dollars, faisant de lui le premier trillionnaire de l’histoire. “Nous nous apprêtons à embarquer non pas dans un nouveau chapitre de l’avenir de Tesla mais dans un tout nouveau livre”, a déclaré le PDG. “Ce que je veux dire, c’est : ne vendez pas vos actions Tesla !”.
Sa part dans l’entreprise passerait d’un peu de moins de 15 % à 25 % d’ici dix ans. Le package, explique CNBC, se divise en douze tranches d’actions qui lui reviendront à chaque fois qu’un des objectifs fixés sera atteint. Par exemple faire passer la valorisation de 1 540 milliards de dollars aujourd’hui à 2 000 milliards. Pour espérer toucher l’intégralité des 1 000 milliards de compensation, Elon Musk fait face à des défis ambitieux comme la livraison d’un million de robots Optimus - toujours pas sur le marché - ou la vente de 10 millions d’abonnements au mode de pilotage automatique des véhicules Tesla.
Le vote a eu lieu “à un moment délicat” pour le constructeur, remarque CBS. Les ventes sont en baisse, l’image de la marque a souffert de la participation de M. Musk à DOGE au sein de l’administration Trump et les aides fédérales à l’électrique s’arrêtent. Mais l’homme le plus riche du monde garde visiblement la confiance des actionnaires. Avec lui aux commandes, le cours de l’action, rappelle CBS, a bondi depuis l’entrée en bourse de Tesla en juin 2010.
Musk et les dirigeants de Tesla ont de toute façon “écarté” ces problèmes, note CNN. Le groupe “déplace son activité de la vente de véhicules électriques vers la vente de voitures autonomes, dont une flotte de robotaxis, ainsi que des robots humanoïdes”. C’était l’image d’un robot, pas celle d’une voiture qui occupait l’écran derrière le patron de la marque pendant son discours. Illustration d’un “pari sur les robots et l’intelligence artificielle”, précise CNN.
L’argent n’est pas la motivation principale de l’entrepreneur. Il dit qu’il veut surtout plus de contrôle sur l’entreprise. “Le vote à l’assemblée générale a été précédé d’une campagne agressive de Musk et Tesla. Musk a ouvertement menacé de démissionner”, souligne la Frankfurter Allgemeine Zeitung. “Contrairement à son habitude, Tesla a également placé des annonces pour promouvoir le package salarial, notamment sur la plateforme X, qui appartient à Musk”, indique encore le journal allemand.
Des actionnaires, comme le fonds souverain de Norvège, avaient prévenu qu’ils voteraient non. Glass Lewis et ISS Stoxx s’étaient même opposés fermement à ce niveau de rémunération jugé excessif. Musk les avaient qualifiés de “terroristes d’entreprise”, signale El Mundo. Le quotidien espagnol remarque également que “pour éviter de futurs problèmes au leader, les actionnaires ont voté pour le transfert de leur siège social au Texas, car une loi de l’État y permettait d’interdire les demandes d’actionnaires qui détiennent moins de 3 % de la société. Comme seule une poignée de fonds d’investissement respectent ce seuil, il n’y aura donc pas de litiges sur la rémunération, comme cela s’est produit dans une affaire précédente avec des actionnaires contrariés invoquant les lois du Delaware”.
Le Washington Post affirme que “dans une ère de montée en flèche des salaires de PDG, la récompense est sans précédent”. Le journal observe toutefois que l’on peut s’attendre à plus d’accords de ce genre à “un âge de startups menées par leur fondateur”.
L’actualité de la semaine avec l’élection d’un maire socialiste à la tête de la ville qui abrite Wall Street amène le New York Times à comparer les deux situations, offrant “des leçons radicalement différentes sur l’Amérique et qui mérite quelle part de sa richesse”. Si les actionnaires de Tesla à Austin ont validé “une version du capitalisme où le gagnant rafle tout”, à New York, les électeurs ont montré à travers le choix de Zohran Mamdani “les frustrations de nombreux Américains vis-à-vis d’un système économique qui ne leur permet pas de s’offrir des choses aussi basiques que la nourriture, un logement ou une garde d’enfants”.
Courrier International




